Diplômé en 2007 de l'École Centrale de Marseille, Maxime démarre sa carrière dans le milieu de la finance et évolue dans l'industrie bancaire au poste de Consultant en gestion des risques pendant 8 ans. En parallèle de son activité principale, Maxime lance avec un ami CiaoParis, un site internet permettant aux touristes de louer des Vespa dans la capitale française. Ainsi se poursuit cette aventure de presque 3 ans, qui aura attisé son intérêt pour les startups et l'entrepreneuriat. En 2015, il décide alors de passer le pas et intègre ManoMano en tant que Head of Growth & Data. 3 ans plus tard, la petite startup de 20 personnes est devenue scale-up de 380 personnes, dans laquelle Maxime endosse désormais le rôle de VP Growth & Data.
ManoMano est l'un des leaders du e-commerce en bricolage et jardinage en Europe, qui ambitionne de révolutionner le secteur du bricolage. La scale-up s'est notamment illustrée récemment dans l'actualité française, après avoir annoncé une levée de fonds colossale de 110 millions d'euros en Avril 2019.
À l’époque j’étais Consultant en gestion des risques dans l’industrie bancaire. Mes missions s'articulaient principalement autour de la gestion de projet, de la production d'analyses quantitatives, et du partage d'expertise sur des sujets de gestion de risques dans les banques. En parallèle, je travaillais le soir et le week-end sur des projets personnels.
J’aime particulièrement l’ingénierie. Logique, me direz-vous, puisque je viens d'une école d'ingénieur. Mais au-delà d'avoir étudié dans ce domaine, je trouve vraiment que concevoir de nouvelles choses est une activité extrêmement satisfaisante. C'est l'innovation dans sa forme la plus concrète : on se plonge dans le coeur d'un problème et on construit une solution tangible permettant d'y répondre. Au fil des années, j'ai commencé à regretter de ne pas pouvoir exercer librement cette créativité. Et en parallèle, je sentais aussi que nous vivions une époque entrepreneuriale fantastique, avec un développement prometteur de l'écosystème startup en France et dans le monde. Une nouvelle révolution industrielle était en marche, et je me sentais frustré de ne pas y participer.
Je pense que j'ai connu deux phases bien distinctes dans ma recherche de job. La première, qui était loin d'être évidente, c'était l'exploration de soi : prendre du recul sur son parcours, faire le point sur ses envies. Qu'est-ce que je savais faire ? Qu'est-ce que je voulais faire ? Ce sont des questions vastes et difficiles, mais qu'il faut adresser pour pouvoir donner une direction et un sens à sa recherche. La seconde étape qui suivait assez logiquement, c'était l'exploration des opportunités, et j'ai eu de la chance, puisqu'elle a été plutôt rapide.
Un ami avait croisé Ignition Program lors d’un événement sur le campus de l’INSEAD, et sachant que j'étais en pleine recherche, il m'a passé le mot. Tenté par le concept, j’ai postulé. Ce que j'ai particulièrement apprécié, c'est que la sélection porte sur un ensemble très large de compétences, dont la créativité, qui sont évaluées par des cas très concrets : "voici le problème, voici tes contraintes, trouve la meilleure solution possible". Sinon, j’ai trouvé l’entretien bien dosé, à la fois bienveillant et exigeant : on engage un vrai dialogue, mais on va en profondeur et on cherche l'objectivité.
"Le changement donne beaucoup de saveur à un métier : il permet de se remettre toujours en question et d'explorer de nouvelles choses."
Pour être complètement franc, j’y ai été un peu en traînant les pieds. À l’époque, ManoMano (qui s’appelait "monechelle.fr") était tout petit et complètement inconnu du grand public. Le bricolage, ça m'évoquait plus les étagères poussiéreuses d’un quincailler qu’une start-up tech. Mais en discutant avec les fondateurs, j’ai compris leur vision : il s’agissait de transformer et repenser entièrement une industrie vétuste via la technologie, un peu comme Uber a pu le faire dans le transport ou Airbnb dans l'hôtellerie. Par ailleurs, le poste que l’on me proposait mêlait Growth hacking, Acquisition, SEO, Data science, le tout avec une grande liberté pour créer. C'était vraiment ce que je recherchais, j’ai donc sauté le pas.
Le changement donne beaucoup de saveur à un métier : il permet de se remettre toujours en question et d'explorer de nouvelles choses. Ce qui m'a le plus marqué au cours de ces dernières années, ça a vraiment été le changement d'échelle managériale : passer de la responsabilité de "faire les choses" à celle de "gérer les personnes qui font" puis à celle de "gérer les équipes qui font". Ce ne sont pas du tout les mêmes manières de travailler, et les compétences pour gérer chacune de ces phases sont très différentes.
L’aspect technique a été passionnant et challengeant, mais je pense que la partie la plus complexe, et je ne m’y attendais pas du tout, ça a été de scaler la “machine humaine” : comment garder un système efficace, alors que l’entreprise grossit ? En effet, la bande passante et l’efficacité d’une organisation diminue à mesure que le nombre de personnes impliquées augmente.
C'est un fait observé : là où 2-3 personnes pourront avoir une discussion profonde et précise, et arriver à un consensus très rapidement, ce même consensus dans une réunion de 10 personnes exigera déjà une grande simplification de l'information (slides, résumés, ...), et à l'échelle d'une foule de 1000 personnes, il se construira autour de slogans d'à peine quelques mots. Dans une entreprise qui grandit, il y a donc un vrai enjeu de transmission de l'information.
Pour conserver notre vitesse de coordination, on a donc essayé de faire preuve d’ingéniosité et de développer nos propres techniques : donner un accès commun aux données, favoriser l’écrit et l’asynchrone, s‘astreindre à transmettre de l’information dense, etc. C'était très exploratoire et fastidieux, mais ça nous a vraiment permis, individus comme équipes, de gagner en maturité sur ces problématiques structurelles.
Ce que j'adore dans mon métier, c'est le fait de travailler avec des personnes à la fois humbles et brillantes, avec qui on peut s’émerveiller de ce que l'on parvient à créer ensemble. En termes de fierté, je suis vraiment très heureux de voir toutes ces personnes grandir et trouver du sens dans cet "incubateur de talents" qu'est devenu ManoMano au cours de ces dernières années.
"Je me réjouis de voir le prolifique bourgeonnement de l'écosystème français. Pour moi, le prochain défi, ce sera d’avoir l’audace de créer des champions mondiaux et de rattraper notre retard sur la scène internationale."
Je me réjouis de voir le prolifique bourgeonnement de l'écosystème français. Le chemin accompli en quelques années est vraiment remarquable, et à mon avis, ce n'est que le début ! Pour moi, le prochain défi, ce sera d’avoir l’audace de créer des champions mondiaux et de rattraper notre retard sur la scène internationale. Il est anormal que toutes les entreprises Internet dominantes d’Europe soient étrangères, alors que nous avons en réalité tous les moyens nécessaires pour créer des choses remarquables.
Créer librement.
Si je devais citer une personne en particulier, ou deux en fait, ce serait Philippe de Chanville et Christian Raison, les fondateurs de ManoMano. Je trouve leur vision business remarquable, articulée autour d'une volonté sincère de mettre l’humain au coeur de leur entreprise. C’est un chemin de crête, car il y a une tension permanente entre l'humain et le business, mais les deux aspects ne peuvent aller l’un sans l’autre. Le business sans la partie humaniste devient mauvaise pour le monde, et l’humanisme sans la partie business est une utopie dont l’impact reste limité.