La crise du Covid a profondément transformé l’environnement de travail, plongeant le monde dans un full remote général et forcé. Aujourd’hui, les entreprises de tous poils sont en quête d’inspiration pour réengager les salariés, redonner du sens et de l’humain à distance. Dans le cas où le travail nomade prenne une place plus importante.
Télétravail : mais pourquoi est-ce si dur ?
Dans le monde du travail, d’ordinaire, un ensemble de rituels non formulés permettent la mise en œuvre puis l’arrêt du travail : claquer la porte de chez soi. Prendre le métro/la voiture. Prendre une boisson à la cafèt avant de commencer. Déjeuner avec un collègue. Fermer son ordi et repartir chez soi. Ces rituels quotidiens encadrent la durée et rythment l’intensité du travail. Ils cadencent la journée.
Ce sont ces repères rassurants qui ont brutalement disparu du jour au lendemain lors du premier confinement. L’immersion en full remote leur a fait perdre la temporalité d’une journée de travail (Olivier Cléach et Jean-Luc Metzger, Le télétravail des cadres ; entre suractivité et apprentissage des nouvelles temporalités). Les plongeant dans l’inconnu.
Isolement = manque de repères
Où comment les proches remplissent le vide laissé par les entreprises.
2020-2021 a mis à jour un étonnant paradoxe.
D’un côté, le télétravail, même contraint, a été ressenti comme une façon d’être plus efficace. Les salariés ont pu se réapproprier l’organisation de leur temps de travail, ont été plus productifs en évitant les mille petits dérangements du bureau (small tchat/cafés/demandes impromptues).
Et à l’inverse, le télétravail a effacé la frontière entre les sphères privée et professionnelle. Le salarié, « nécessairement chez lui » du fait du confinement, se trouvait forcément « disponible » - esclave des différents outils de collaboration à distance, des notifications constantes. Sans plus aucune limite fixe de temps de travail.
Sans rituel d’encadrement, ce sont donc les proches qui se sont retrouvés régulateurs de fait, avec les risques inhérents. Tout en participant à la confusion des genres, en sollicitant le télétravailleur pendant ses heures de travail (puisque certains se retrouvent à télétravailler cote à cote), ils ont aussi permis de redéfinir paradoxalement la frontière entre travail et hors travail, en posant des limites au surtravail, et en rappelant au télétravailleur ses devoirs familiaux/amicaux.
Durant cette période exceptionnelle, l’encadrement du temps de travail a donc été porté par le télétravailleur et sa famille. Avec de vrais risques pour la paix des ménages et la charge mentale des individus.
Manque de repères = perte d’impact et de sens
Au-delà de la solitude et de la perte de repère, côté employeur comme côté salarié, il y a eu une peur très forte que le télétravail ne permette pas d’avoir le même impact au travail qu’avant. Avec le temps suspendu du premier confinement, impossible de distinguer les évolutions, les étapes et les bilans. Comme dans une faille spatio-temporelle, le monde s’est trouvé plongé en mode « survie prolongée », avec la crainte de perdre le sens, de ne plus construire.
Ces trois peurs - manque de repères + perte d’impact + perte de sens - correspondent à la fonction psychanalytique et sociétale du rituel. A la façon de la petite histoire du soir, le rituel est contenant et sécurisant. Sa fonction est de nous cadrer, de nous donner des règles qui rassurent. Mais il pointe aussi du doigt une temporalité qui évolue. Comme savoir « quand arrêter le travail ».
L’entreprise, en proposant de nouveaux rituels adaptés au télétravail, peut encadrer à nouveau l’autonomie épanouissante de ses salariés et offrir de nouvelles formes d’esprit d’équipe, adaptés à une vie plus nomade.
Les rituels d'entreprise pour mieux prendre soin les uns des autres
Les rituels : socle de la culture d’entreprise en startups
Les startups ont toujours eu recours à une culture fédératrice faite de valeurs, de rituels et de références. D’abord parce que cela leur permet d’absorber une forte croissance tout en conservant un cap et une cohésion. Mais aussi parce que les jeunes qui travaillent dans les startups, la fameuse génération Y, font face à un monde de moins en moins structuré. Les rituels quotidiens et hebdomadaires, ainsi que la culture d’entreprise des startups, leur permettent de trier et de prioriser un surplus constant d’informations. De se donner une identité dans un monde infini de possibles. Les rituels constituent donc un levier de performance, mais aussi d’attractivité et d’identité.
Déjà mobiles, agiles, et très outillées… on pourrait imaginer que pour les startups, le recours massif au télétravail a été facile. En réalité, elles ont beaucoup souffert de la perte de leurs bureaux, emblèmes de leur marque et de leur culture d’entreprise. Bien au-delà des clichés - les légendaires baby-foots, les soirées bière et les terrains de pétanque - les startups ont fait de leurs bureaux, les lieux sacro-saints de leurs rituels, les porte-étendards de leurs valeurs - comme chez Michel et Augustin où des stickers géants de la boîte tapissent les murs. Ils constituent aussi des arguments de recrutement importants, ainsi qu’un cadre rassurant et protecteur pour des juniors. Sans bureau, et sans la liberté et la convivialité qui caractérisaient leur façon de travailler, les équipes ont rapidement perdu pied dans leur travail. Renouveler les rituels pour renouveler le contrat de confiance, est donc devenu un impératif de survie.
Il a fallu adapter dans l’urgence tous les outils qui se prêtaient au télétravail et relancer les rituels sur la base de challenges plus stimulants. En leur donnant un nouveau twist…
Les rituels d'entreprise pour mieux affronter l’inédit
Les rituels, on le sait, ça va ça vient. Quand ils ne correspondent plus à un moment, ou à un besoin, ils meurent de leur belle mort. Pareil s’ils sont trop gravés dans le marbre : ils s’étiolent, s’endorment, ou sont contestés car ils ne remplissent plus leur rôle initial.
Chez Ignition Program, nos rituels évoluent constamment en fonction des besoins. Surtout en temps de crise.
Le rituel de l'AMA (Ask Me Anything)
Durant la pandémie, à côté de nos rituels majeurs d’entreprise pré existants au covid, d’autres rituels ont émergé naturellement suite au lockdown : comme l’AMA – Ask Me Anything, un rituel de transparence, destiné à rassurer. Les collaborateurs font remonter leurs questions, même celles qui fâchent, qu’il s’agisse de salaires, d’augmentations, d’indemnisation du chômage partiel etc. Et l’un des cofondateurs y répond en live. Pendant le confinement et la période qui a suivi, cela a permis d’informer, mais surtout de réengager les équipes dans la confiance réciproque et de réaffirmer la transparence qui est dans nos valeurs. Ce rituel n’a pas forcément vocation à être pérennisé. Il répond à un besoin sporadique.
Le rituel de l'atelier 2,3,1
Un autre rituel s’est retrouvé sur le devant de la scène, l’Atelier 2,3,1 (ou Tête, Coeur, Tripes). C’est un process de consultation de salariés représentatifs, réunis pour donner leur avis concernant une grande orientation stratégique de l’entreprise. L’atelier se tient en trois étapes. Il permet de prendre le pouls des salariés, leurs conseils et de créer de l’adhésion autour d’un projet engageant. Les salariés livrent leurs ressentis, ce que ça leur fait, sensations (corporel), puis, comment ça heurte leurs valeurs (émotionnel), enfin ce qu’ils en pensent, le rationnel. Puis résonnent entre eux. À la fin, le CEO ou le chef de projet décide, tranche, une fois éclairé par les réponses et apports des salariés. En plein confinement, l’un de ces ateliers a porté sur le thème : « Faut-il pérenniser le remote en 2021 ? Si oui, quelle est la forme la plus adaptée ? » On voit à chaque fois à quel point passer par le ressenti offre des réponses beaucoup plus justes pour tous et engageantes pour les équipes.
Les rituels de groupe plus ludiques
À côté des rituels collectifs de travail, on a assisté chez Ignition à la résurgence de rituels de groupe plus ludiques, et qui permettent de lutter contre la solitude. Comme des rituels anti-confinement, très récréatifs. Chez nous, un groupe de salariés volontaires a depuis longtemps pris en charge l’animation de moments de détente entre salariés (Team Unir) ils font émerger leurs propres rituels et permettent en même temps de renouveler notre identité commune. Ils rivalisent d’initiatives loufoques au quotidien. C’est très important. Pas du tout anecdotique dans notre culture. Leur mantra ? Quitte à passer les deux tiers de sa vie au travail, autant « mieux profiter ensemble » et « être heureux dans son job ». Ils cultivent à fond le rire, les moments de partage, un bréviaire unique avec des kilomètres de private joke compréhensibles de nous seuls ; On a besoin de ces délires collectifs. Ils sont pris très au sérieux chez nous.
Grâce à Zoom, l’ambiance festive et amicale s’est maintenue durant tout le confinement. La Team Unir, toujours plus proactive, s’est même surpassée sur Youtube. Avec des soirée Igni-The Voice (grandes révélations pop et rock), un Igni-Top Chef avec un défi « tarte de nos grands-mères », une choré d’aérobic en doudoune dans une piscine, un compte Instagram dédié, une appli de partage DJ… Quand ça ne va pas plus loin encore…
L'exemple de Fizzer :
Bien sûr, il n’y a pas que nous ! De nombreux rituels ont également fait surface chez nos clients et partenaires. Chez Fizzer, une salariée a concocté une « newsletter de la bonne humeur », permettant à chacun de suivre les changements dans la vie de tous : voyages, déménagements, blagues les plus drôles. Une illustratrice s’est amusée à transformer leurs réponses en Mêmes (un montage avec les visages), et leur publication était attendue tous les matins.
Ce qu’il faut retenir de ces rituels, c’est qu’ils ne fonctionnent que parce qu’ils ont été initiés par les salariés eux-mêmes. Ce sont les besoins ressentis par chacun qui leur ont permis de trouver le rituel juste pour eux et donc pour leurs pairs. Rien n’est imposé.
De nouveaux rituels identitaires pour faire face à la mutation du travail
On l’a vu, la force des rituels est frappante en startup que ce soit en présentiel comme en télétravail. Avec la mutation probable du monde du travail dans les prochaines années (nomadisation et éclatement du lieu de travail avec la généralisation du télétravail – semaine de 4 jours etc), les rituels vont certainement être de plus en plus nécessaires à la formation d’une identité commune.
Depuis la pandémie, nombre de startups envisagent d'augmenter leurs offres de jobs en télétravail, quitte à réduire la taille de leurs bureaux, ou à les abandonner. «Cette flexibilité autour du télétravail en fera des entreprises beaucoup plus attractives », estime Stéphanie Balaouras, vice-présidente et directrice de recherche du groupe Forrester dans un article des Echos.
L'ancien PDG de Google, Eric Schmidt, lui, pense que les entreprises ne choisiront pas de réduire la taille des bureaux, mais plutôt de les éclater géographiquement, en décentralisant leur activité. « Cela changera l'organisation des entreprises ».
D’autres, visionnaires, imaginent même qu'à terme, les bureaux ne seront plus que des lieux d'échange social.
« Au bureau, l’impact collaboratif et social va augmenter, mais l'impact productif sera géré en télétravail »
projette Noémie El-Baz, fondatrice de Flexlab, une jeune start-up de location de mobilier de bureau.
Le fondateur de Dataiku, qui emploie 400 personnes, estime lui qu'un tiers de ses salariés souhaiteront, à terme, profiter plus largement du télétravail. « Comment garderons-nous un esprit d'équipe avec plus de télétravail ? Il est encore trop tôt pour tirer des conclusions. Mais pour ma part, je mise sur une réinvention de notre culture d’entreprise. (…) La culture est déterminante dans le succès d'une société, car les mêmes talents n'auront pas la même productivité, la même capacité d'adaptation, de prise de risque ou de communication », explique Willy Braun, investisseur et auteur du livre Human Resources for Startups : Building and Managing Your Greatest Asset. « La culture d'entreprise est une sorte de main invisible qui influence les comportements dans l'entreprise. Elle prend corps par un ensemble de normes et rites.» Lesquels sont à recréer pour souder un groupe, donner du sens à ses actions, prendre soin du moral et de l’impact de chacun.
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