Chez Ignition, ça fait longtemps qu’on fait des Startup Weekend. À notre sauce, bien sûr… Les « Igni Studio ».
Le dernier ? C’était il y a deux semaines à peine, en plein confinement. Une version totalement dématérialisée, en full remote, pour identifier de nouvelles offres business compatibles avec la crise. Un vrai challenge !
D’ordinaire, nos Igni-Studio sont plutôt bien préparés et cadrés. Mais pour cette version spéciale, à distance, on a particulièrement soigné l’organisation. Et au vu du succès, on en a tiré une check-list imparable pour réussir un Startup Weekend en full remote ! La voici…
Un Startup Weekend, c’est quoi ?
Il s’agit d’un évènement entrepreneurial qui se déroule généralement sur un weekend et qui rassemble des acteurs variés (graphistes, marketing, sales, profils tech, CEO), dont le but est de monter un projet, une start-up, un premier produit concret, avec une clientèle identifiée en face.
C’est donc un espace d’imagination très fort mais surtout un vrai challenge opérationnel, orienté terrain, où les participants confrontent leurs idées au marché, quitte à se tromper. L’enjeu est purement positif : au pire, ils n’ont engagé que deux jours de boulot.
Alors forcément, pour nous, salariés d’Ignition, ce challenge, c’était un incontournable ! On en a tiré le meilleur, grâce à une méthodologie hors pairs.
Les 10 success point pour réussir en remote
Règle n°1 : Avoir de l’enthousiasme ! Et de la Grinta !*
L’idée d’un Startup Weekend en full remote n’est pas venu « d’en haut » (CEO, managers), mais d’Arthur, Product Manager. C’est dans l’ADN d’Ignition, chacun peut être moteur. Pourquoi ? Parce que la motivation des troupes est le premier fondement du succès d’une co construction. Pour qu’il aboutisse ou pour qu’il soit crédible, un nouveau projet ne peut être porté que par une équipe enthousiaste et volontaire.
Arthur a été un baromètre, un lanceur d’alerte. Quand il a proposé l’idée d’un Startup Weekend en remote, ça répondait à un besoin fort ! Notre « socle Ignition », c’est la quête de sens, les challenges novateurs et les fêtes. Alors, dans ce confinement à durée indéterminée, on risquait tous gros à rester chacun dans notre coin. Il nous fallait d’urgence nous retrouver autour d’un projet fédérateur, dans lequel on puiserait de nouvelles forces, on retrouverait l’envie de changer la donne, de réinventer le métier, en partageant nos idées, et surtout en revoyant nos tronches. Arthur a tapé dans le mille : 60% des salariés l’ont suivi ! Du jamais vu chez nous. La Grinta*, on vous dit…
*La Grinta : une envie de gagner proche de l’agressivité, un pivot de crise à la Breaking Bad.
Règle n°2 : Avoir un vrai back-up de la hiérarchie
Sans soutien, difficile pour les salariés d’une start-up, ou pour les anonymes d’une grande boite, de porter seuls un changement aussi majeur et d’engager les gens à leur suite. Si l’impulsion ne vient pas forcément d’en haut, par contre, la hiérarchie a le devoir de s’investir dans le projet, le soutenir et aider à lui fournir un cadre garantissant son succès. Embarquer les décisionnaires, c’est essentiel pour la réussite d’un Startup Weekend. Ainsi, chez nous, si l’idée est venue d’Arthur, Lucas (Co fondateur), ainsi que de nombreux membres du Comex ont largement participé. On a marqué l’évènement, on y a consacré de la ressource. C’est un effort du collectif. A tous les niveaux.
Règle n°3 : Donner un objectif concret
Faire pivoter le business avec une nouvelle offre, game changer ? Ou pousser le développement de produits existants à très court terme ? Il est impératif de donner un objectif final concret, afin que l’énergie ne s’éparpille pas inutilement.
Chez Ignition, une fois l’idée lancée, Lucas, cofondateur, a envoyé un message clair à tous les volontaires :« Nous vous proposons de participer à un Igni Studio plus ambitieux que tous ceux que nous avons réalisés jusqu’à maintenant. Le but n'est surtout pas un N-ième brainstorm géant, mais un moment de créativité collective qui nous permette de lancer, dans la durée, 2 à 3 initiatives business impactantes (génératrices de revenus) - et de booster les activités en train de pivoter. Ce mouvement doit s’accélérer tout au long du mois. A la fin des deux jours, on décidera, aussi collectivement que possible, de mettre notre focus / énergie sur ceux auxquels on croit le plus. Et d’arrêter les autres. »
Le challenge est on ne peut plus clair. Les critères d’évaluation ne doivent pas l’être moins…
Voici ceux énoncés dans le message de Lucas :
Validation (⅓)
- est-ce que la solution répond à un problème identifié ?
- est-ce que des prospects ont participé à la construction de la solution ?
- est-ce que le marché ciblé existe et est solvable / atteignable par l’équipe ?
Exécution & business model (⅓)
- est-ce que tu as réalisé du chiffre d’affaire sur ces deux jours ?
- ou tu as des pistes solides d’engagement client accessibles sous 7 jours ?
- est-ce que le projet a du sens par rapport à Ignition Program ?
Jugement (⅓)
- quelle est ton évaluation du projet ?
- investirais-tu dedans, en tant que porteur ?
La lisibilité du challenge et les critères d’évaluation conditionnent le succès duStartup Weekend. Sans oublier les perspectives de développement clairs, ici à très court terme : les participants se battent mieux quand ils peuvent se projeter.
Règle n°4 : Fournir un bon cadre logistique
C’est la partie – en apparence - la plus simple, mais sur laquelle repose tout le Startup Weekend à distance ! Hors présentiel, l’organisation doit être au cordeau, rapide et agile. Sous peine de démotiver les participants. Pour garder le lien, visuel et opérationnel, pas besoin d’une logistique lourde, il suffit de deux outils essentiels, hyper intuitifs et bien adaptés aux besoins d’un groupe :
Une feuille de partage type Google Doc, à utiliser en Master Sheet, avec des template de collaboration pour deux jours, afin que :
- tout le monde puisse partager en amont ses idées de projet, 5-7 jours avant le jour J,
- le Jour J1, des porteurs de projet émergent et constituent chacun une équipe,
- le planning des 2 jours soit accessible à tous,
- des votes permettent de « killer » ou de conserver les projets les plus pertinents.
Une appli de visio conférence payante, type Zoom, gérée sur ordinateur par un salarié désigné coordinateur, qui offre :
- une salle commune, pour le débrief de lancement, la constitution en live des équipes, les pitchs des porteurs de projets, la remise des prix finale…
- une salle à part avec le jury et les mentors
- et enfin, des sous-salles pour le travail par équipe.
Règle n°5 : S’appuyer sur des mentors
Les mentors, c’est le « plus » qui booste les équipes. Chaque crew, lors de l’avancement de ses travaux, peut faire appel à tel ou tel mentor pour répondre à ses questions sur le CA, le suivi, le budget, les ETP etc…
Totalement disponibles durant ces deux jours, ces mentors ne sont pas forcément seniors, ni meilleurs que les autres. Mais ils ont des compétences ciblées, orientées marché, avec une logique d’entrepreneurs, ils sont au contact des clients. Leur légitimité pour aider à atteindre les objectifs vient du fait qu’ils maitrisent parfaitement le business et qu’ils peuvent ramener une équipe qui s’égare à l’essentiel.
Règle n°6 : Choisir un bon chef d’orchestre
Les deux jours en visioconférence seraient impossible sans lui. Avec son rôle de facilitateur, de maître de cérémonie et de coordinateur en chef, il est le garant du bon déroulement et de la bonne ambiance du weekend. D’une part, il structure le planning. C’est aussi lui qui, dans l’ombre, sur l’appli de visio conférence, répartit les équipes dans leur salle de travail, fait entrer à leur demande tel mentor en soutien, gère le timing des intervenants mais aussi des pauses, ramène le groupe dans la grande salle pour les votes et les prix du jury etc…
Règle n°7 : Faire émerger les projets phares
Grâce au Google Doc, ceux qui le souhaitaient ont pu proposer (en amont, avant le Startup Weekend) leur projet. Le Jour J1, ils le pitchent devant tous les participants, jury et mentors.
Une fois la présentation de tous les projets faite, chaque participant vote ensuite pour les 3 projets qu’il préfère (interdiction de voter pour son propre projet), afin de faire émerger 4 à 5 projets. A ce stade, certains projets proches, ou comportant des synergies, peuvent fusionner.
Après le vote et l’émergence de 4-5 projets, chacun peut demander à en être le porteur. Ceux qui avaient proposé le projet à l’origine ne sont pas tenus de le porter, s’ils ne le souhaitent pas. C’est très libre. Chez nous, Benjamin, qui avait pitché son projet, a ainsi tranché : « Je préfère le projet de Tim au mien, donc si c’est possible, je vais rejoindre son crew ».
Règle n°8 : Choisir une équipe efficace
Les porteurs de projets ainsi identifiés doivent maintenant recruter parmi les autres participants une team efficace qui va bosser le projet choisi. Pas plus de 4-5 salariés par équipe. C’est une phase où les porteurs démarchent les autres en message privé pour les rallier à leur projet. Là encore, l’idée étant de convaincre les salariés dont les compétences peuvent apporter le plus au projet, et ce, même s’ils ne sont pas des experts du sujet. « Les 2/3 des projets échouent pour des questions d’équipe, soyez fermes, soyez clairs sur les compétences et l’énergie dont vous avez besoin », ont précisé en amont les organisateurs.
A ce stade, les projets qui attirent moins de 3 personnes sont purement et simplement abandonnés. Car il est impératif d’aller vite, afin que, du pitch des projets jusqu’à la formation définitive des équipes, il ne s’écoule qu’une petite matinée. Cela laisse ainsi ensuite aux équipes une journée et demi de plein travail.
Règle n°9 : Soigner la remise des prix
Lors de notre Startup Weekend en remote, les participants ont été hyper motivés. A la hauteur de l’enjeu. Juste après la formation des équipes, ils ont brainstormé pour pouvoir pitcher un projet à leurs prospects dès le premier après-midi. Certains ont appelé jusqu’à 70 clients en deux jours. Certains ont monétisé leur offre. Prouvant qu’il y avait un marché en face de leurs projets. Ainsi que l’a résumé Lucas, à la fin du weekend :« Je n’ai jamais vu autant d’énergie à décrocher son téléphone, même ceux qui n’avaient jamais fait de calls, des bouledogues, c’est dingue ce qui s’est passé en énergie Sales ! »
Avant le vote final du jury, les équipes ont 3 minutes pour pitcher leurs résultats. Puis le jury se retire 20 minutes pour voter. Quand il y a eu autant d’enthousiasme et d’investissements, impossible de bâcler la conclusion du Startup Weekend. Il faut soigner la présentation finale, chiader des awards fun, gratiner la remise des prix. Chez nous, on a ainsi remis des Best Weird Prize, avec un « Best Sales » remis à Elsa (anagramme d’Elsa), un Best Fun Mucus Call pour Alex (oui, c’est dégueu), un prix du Meilleur Fond d’Ecran pour Arthur et Edouard, enfin un Best Naked Role à Alex (qui a pitché pendant deux jours en maillot de bain).
Puis le jury a remis les prix en détaillant chaque fois l’exécution, le business model et l’évaluation par équipe. On peut aussi remplacer le jury par un vote de tous les participants sur Typeform.
Règle n°10 : Ne pas lésiner sur les « Plus si affinités »
Les Startup Weekend, c’est beaucoup de boulot, une totale immersion pendant deux jours dans un projet, avec un côté course contre la montre dans les équipes ; mais les sas de décompression alimentent aussi ces moments d’échanges et renforcent la cohésion. En fin de Jour 1 ou de Jour 2, un visio-apéro permet de réunir ceux qui le souhaitent une heure de plus pour célébrer la fin du sprint et se remémorer les meilleurs ou pires moments traversés.
Les Don’t qui tuent le Startup Weekend dans l’œuf
Attention, la créativité, c’est avant tout la liberté. Voici 3 exemples à ne surtout pas suivre !
Orienter le choix des projets
Brider les équipes en orientant le choix des projets, c’est la loose assurée ! Certes, la plupart des projets vont partir dans des directions qu’on n’imaginait pas au départ. Mais il faut laisser un espace créatif fort, sinon rien ne pourra se bâtir. Une bonne co-construction vient avant tout de l’enthousiasme des participants pour leur projet. S’il faut être clair sur l’ambition du Startup Weekend, leur dicter un cap sera forcément contre-productif.
Imposer les partenaires d’équipe
Idem que sur le choix des projets, impossible de faire du dirigisme dans la constitution des équipes. Car pour que chacun soit un Doer et se dépasse durant deux jours, il faut qu’il rejoigne librement telle équipe, dont les synergies et le mood lui paraissent plus pertinents par rapport à ses compétences.
Faire un plan quinquennal
C’est l’écueil de tous les Startup Weekend : passer deux jours à faire des business plan à 5 ans sans avoir appelé un seul client. Le Startup Weekend est tout sauf un exercice théorique. Les perspectives de développement doivent être clairs, à court ou moyen terme, sinon à quoi bon se battre pour un projet qui ne sortira sans doute jamais de terre. Au court de notre Igni-Studio, le but affiché était de démontrer au bout de deux jours qu’un projet avait un marché en face, et qu’il était monétisable dans la semaine.