Tout d’abord, il est important de rappeler que l’admission chez Ignition Program détermine si, à un instant T, nous pensons que le candidat a le tempérament et les compétences pour s’épanouir chez une de nos startups partenaires. Nous invitons donc les candidats non-admis à retenter leur chance après un an et à nous faire part du chemin parcouru entre temps.
Admis ou non, vous soulevez régulièrement un point : l’incompréhension des critères d’admission dans le programme. Nous avons donc décidé d’expliciter ici ce qui est important à nos yeux dans vos dossiers d’inscription.
La recherche personnelle de l’apprentissage
L’esprit d’entreprendre, c’est souvent se donner comme mission de se lancer des projets (presques!) impossibles.
Mais l’entrepreneur un peu naïf, c’est celui qui va tenter, tenter, et tenter encore, en se disant que cela marchera bien à un moment donné. L’entrepreneur qui réussit (un jour), c’est celui qui sera obsédé non pas par l’idée d’essayer, mais par l’idée d’ apprendre : apprendre de ses erreurs, combler ses faiblesses, améliorer ses forces, apprendre pour être meilleur (ou en tout cas moins mauvais) demain.
Si tu es développeur et que tu as appris le Java et le HTML en cours, parle-nous des MOOC que tu as suivi pour apprendre Ruby on Rails ou NodeJS. Si tu as étudié les maths, parle nous du MOOC de Andrew NG ou des défis Kaggle auxquels tu as participé pour devenir data scientist. Si tu es UX ou UI designer, parle-nous de tous les livres que tu as lus ou des blogs auxquels tu participes, et montre-nous le portfolio que tu as construit au fil des ans!
Montre-nous ce que tu as appris par toi même, sur internet, dans des livres, auprès d’un mentor, …
L’expérience d’un métier
Les environnements de travail sont très différents entre une startup et une entreprise plus “traditionnelle”.
Ainsi, le métier de “chef de produit” dans une entreprise classique (ex : pharmaceutique) est radicalement différent du métier de “product owner” en startup. Pour le premier, le quotidien est constitué de cycle en V, d’équipe et budget, cahier des charges, rétro planning, reporting.
Pour le second, c’est méthode agile, bouts de chandelle, backlog, sprints et itérations rapides.
Mêmes différences pour le métier de commercial : faire du business development pour une société établie, c’est le plus souvent vendre un produit reconnu, à des personnes qui ont déjà entendu parler de vous.
En startup, même si le produit est meilleur ou plus innovant, personne ne vous connait ni ne vous attend. Un autre métier …
Nous t’invitons donc à lire notre livre blanc des métiers en startup pour connaître dans quelle mesure tes expériences passées sont en phase avec l’équivalent startup de ton poste actuel.
L’expérience de manager / chef de projet
En startup (en dessous de 50–100 personnes), le métier de manager n’existe pas.
Quand il existe, c’est généralement un membre de l’équipe qui prend le rôle de coach pour les autres. Les opportunités de recrutement externes sont donc rares.
En startup tout le monde est chef de projet, mais personne n’est “que” chef de projet. Il est donc important d’avoir une compétence métier opérationnelle. Une expérience de “management” ou de “gestion de projet” est donc difficilement valorisable quand on recherche un poste en startup : un candidat ayant été “chef de projet informatique” pourra ainsi valoriser son expertise technique, mais moins son expérience en gestion de projet.
Le salaire souhaité
Il est important de garder en tête que plus tu indiques un niveau de salaire élevé, plus tu places la barre haute à l’entrée pour toi.
En effet, nous avons plus de besoins dans nos startups sur des postes nécessitant entre 0 et 5 ans d’expérience, que sur 5 ans et plus.
Ainsi en indiquant 60k€ de salaire minimal exigé, tu te positionnes sur des postes d’experts. Un candidat “prometteur” peut donc être sélectionné chez Ignition Program à un niveau de salaire de 35K€ alors qu’il n’aurait pas été admis, à dossier égal, en indiquant 60 k€.
L’expérience en tant qu’entrepreneur
Certains de nos candidats ont déjà eu un passé d’entrepreneur. C’est évidemment un point positif, puisque le programme a vocation à sélectionner puis former les tempéraments entrepreneurs. Cependant, cette expérience ne fait pas tout. Elle nous montre que le candidat est capable de prendre des risques et de tout donner pour un projet.
Mais pour nous être entrepreneur n’est pas à proprement parler un métier, c’est une formation accélérée à la maturité professionnelle. Paradoxalement, il est donc parfois difficile de trouver un métier à un ancien entrepeneur, car dans une startup, les fondateurs jouent déja ce rôle de dirigeant. L’ex-entrepeneur doit se demander : quelle compétence métier ai-je développée pendant cette aventure ? Dans quel poste précisément serais-je un bon salarié ?
Les études
Nous avons tous déjà vu des offres d’emploi indiquant “profil recherché : Top 5 école d’ingénieur ou de commerce”.
Voici ce que nous en pensons chez Ignition. Oui, nous valorisons les candidats qui ont démontré leur capacité à intégrer une grande école, mais nous avons aussi observé que c’était loin d’être suffisant pour réussir en startup. Il existe 1000 manière de nous prouver que tu te bouges : Adrien Aumont a arrêté les études à 16 ans, ce qui ne l’a pas empêché de fonder KissKissBankBank.
Preuve étant chez Ignition, sur le mois de janvier 2017 moins de 50% des candidats qui passent l’étape du dossier ont étudié dans une “top 5 école” de commerce ou d’ingénieur.
Les initiatives personnelles
Ce que nos candidats viennent chercher en startup, c’est (entre autres) un poste responsabilisant.
Responsabilité ne veut pas forcément dire management, ou pouvoir. Par exemple en startup dans une équipe de 10 développeurs agiles, chacun est responsabilisé sur ses tâches, même s’il n’est qu’un parmi 10. Il est donc important de posséder une dose de prise d’initiative personnelle, un feu de Bengale interne qui vous pousse à agir, à faire.
C’est ce que nous cherchons à déceler chez vous dans le dossier d’inscription. Pendant tes études, es-tu allé en cours ? C’est déjà bien, mais es-tu allé en cours tout en étant membre actif de la junior entreprise et dresseur de perroquets ?
Dans ton dernier poste, as-tu rempli tes objectifs ? Ou non seulement tu as rempli tes objectifs mais tu as aussi lancé en interne une initiative que tout le monde laissait dans les cartons ?
La qualité du CV
Qu’on le veuille ou non, le CV est (chronologiquement) le premier média d’interaction entre entreprises et candidats. C’est donc le moment de synthétiser ce qui fait ta force pour un poste donné dans une startup.
Nous sommes en train de rédiger un article sur notre blog : Comment écrire un CV pour être percutant en startup ?, et nous allons publier le lien ici.
Si ton CV est soigné, le lecteur extrapole et pense que de manière générale tu soignes ton travail. S’il y trouve des fautes ou des erreurs, que penser de toi ?
Quand nous voyons un CV qui sort du lot par sa pertinence, nous nous disons : voici un candidat qui a accepté les règles du jeu (de l’écriture d’un CV), a travaillé, et a au final un résultat qui le fait ressortir.
Des chiffres !
Un CV ou un dossier sans chiffres, c’est comme avoir la toute dernière Nintendo sans jeu, ça n’a pas grand intérêt. Les chiffres ont de la valeur puisqu’ils illustrent l’impact d’une personne sur ses missions passées. Cela met en avant les résultats d’initiatives individuelles au sein d’une équipe, les budgets engagés, les dépassements d’objectifs, etc.
Nous refusons beaucoup de dossiers qui mettent simplement dans la description d’une mission : “gestion des campagnes Online et Offline et augmentation du nombre d’utilisateurs”. Quel leviers d’acquisition ? Quels budgets ? Sur quel laps de temps ? Si les dépenses étaient concentrées sur Adwords ou Facebook Ads, quel CPA, CPC, CPM ? La personne a-t-elle dépassé ses objectifs de croissance, de combien de % ?
Les chiffres sont nécessaires, rassurent, mettent en avant des compétences, alors n’hésite pas à en rajouter !
Au final : la pondération
Ce sont donc tous ces critères (et d’autres) que nous regardons en lisant vos dossiers d’inscription.
Mais nous n’en faisons pas une simple moyenne, car les entrepreneurs ont toujours “un petit quelque chose”.
Au moment de choisir entre deux candidats, nous allons donc préférer celui qui a un élément marquant dans son dossier même s’il est très mauvais sur un autre, qu’un candidat “moyen partout”. (Pour les plus matheux, on pourrait dire que nous faisons la moyenne quadratique).
Il faut aussi noter que cette pondération dépend des métiers : pour un data scientist, nous serons plus sensibles à la recherche de l’apprentissage personnelle (MOOC, Kaggle et autres) que pour un directeur des opérations (COO), pour qui il existe peu de moyens d’apprendre le métier autrement que directement par l’expérience professionnelle.
Une question de temps
Enfin, tous ces critères évoluent avec le temps.
Si nous ne pouvons pas donner suite à ta candidature à un instant T, notre objectif est que tu continues à te développer par ailleurs tout en grandissant sur ces sujets pour re-postuler plus tard. Comme dit plus haut, nous conseillons à nos candidats non admis de re-postuler après un an (et même moins s’ils le jugent pertinent).
Tout ceci reste notre humble avis, après ces 3 ans passés aux côtés de nombreux fondateurs et aspirants entrepreneurs. Cet avis n’empêche pas (et au contraire !) que de nombreux candidats non admis au sein de Ignition Program soient géniaux et embauchés dans de chouettes startups par leurs propres moyens. Nous n’avons pas la science infuse 🙂
All credit goes to Motion Authors for the title animation.