Manager toxique : Comment le repérer et y faire face ?

Manager toxique ? Vous savez, ce supérieur hiérarchique au management délétère pour la santé mentale et le moral de ses collaborateurs. Celui qui non content de pourrir l’ambiance finit même par plomber la productivité des autres. Et qui paraît pourtant indéboulonnable. Pour le repérer, le salarié doit aller chercher du côté dark du management : critiques quotidiennes, reconnaissance zéro, demandes irréalistes (toujours pour hier), jamais à court d’actions nuisibles… oui, vous êtes bien face à un f…g manager toxique.

Comment repérer et faire face à un manager toxique ?

C’est scientifiquement prouvé: un collaborateur épanoui dans l’entreprise, dans son travail et dans son équipe s’investit davantage et devient plus productif. L'une des missions du manager (et certainement la plus importante) est d’instaurer un climat de confiance au sein de l’entreprise et d’être grandissant pour chaque salarié de son équipe. Le but étant que chacun se sente à sa place, accompagné sans être toutefois micro-managé et valorisé. Et pourtant… Il arrive souvent que le manager soit le problème number one pour son équipe et sa productivité.

Une situation pour le moins paradoxale. Pour être certain de bien comprendre le sujet, commençons par l’origine du mal : qu’est-ce qu’un manager toxique et comment transmet-il sa toxicité ?

Qu’est-ce qu’un manager toxique ?

Un manager toxique est un type de manager qui adopte un comportement nuisible à l'égard des membres de son équipe. Ces actions peuvent avoir des conséquences négatives émotionnelles, somatiques, cognitives et comportementales, influençant le moral et la santé mentale des collaborateurs. Son management toxique peut inclure des réprimandes, des discours non professionnels, du harcèlement et autres actions qui vont à l'encontre des règles de l'entreprise (et du bien-être humain). 

En bref, le manager toxique fait preuve d’un management inadéquat qui contribue à instaurer un mal-être généralisé au travail. Cela affecte donc inévitablement le moral et la productivité des équipes. 

Quels sont les signes d’un management toxique ?

On ne va pas vous mentir. Difficile de ne pas repérer un manager toxique, tant vous ressentez rapidement ses actions ou ses inactions, comme autant de pierres attachées à votre cou. Le comportement d’un manager toxique ? On le reconnaît à : 

  • Peu ou aucune reconnaissance ni compliments
  • Des critiques quotidiennes
  • Des humiliations
  • Des remontrances
  • L’absence de remise en cause 
  • Du harcèlement
  • De l’agressivité
  • Une communication inadaptée ou inexistante
  • Une autorité débridée
  • Encore du harcèlement
  • Une surcharge de travail
  • Des objectifs irréalistes
  • Le non-respect de la vie privée
  • Toujours du harcèlement

Boire un verre de javel semble tout de suite plus doux…

Quelles sont les raisons qui poussent au management toxique ?

En l’espace de dix ans, le monde du travail a connu des mutations exceptionnelles. Le confinement dû au COVID 19 a accéléré encore le nomadisme professionnel qui avait du mal à se démocratiser malgré l’accès généralisé à internet et aux ordinateurs portables.  Mais le remote n’est pas la seule lame de fond à bouleverser le rapport des salariés à leur travail. Les aspirations de la jeune génération, leur quête de sens, d’équilibre vie professionnelle / vie privée, tendent aujourd’hui à modifier profondément le management ainsi que l’approche des entreprises pour attirer les talents. Les mouvements #Metoo et @balancetastartup ont sonné la fin de l’impunité du harcèlement. Désormais, le pouvoir a changé de camp et les RH mettent de plus en plus la QVT, le bien-être et le développement personnel en avant pour attirer et fidéliser les collaborateurs. Le but d’une carrière de salarié n’est plus d’atteindre une promotion ou un haut poste de management. C’est d’être épanoui, fier de soi, de son travail et de son utilité au monde. 

Vu la difficulté de l’exercice, il en découle naturellement une pénurie de managers, ces postes à responsabilités de plus en plus compliqués où l’on demande pêle mêle de : 

  • Gérer une équipe composée de collaborateurs tous différents, aux capacités et aux émotions diverses et variés
  • Fixer des objectifs ambitieux, mais réalisables
  • Faire grandir la marque employeur, même pour les personnes travaillant en remote
  • Partager les valeurs et les objectifs de l’entreprise
  • Créer un modèle de rémunération variable smart
  • Savoir recruter les bons talents et se délester des moins bons
  • Savoir créer un management inspirant, insuffler un esprit d’équipe fort, une dynamique saine et instaurer des relations de confiance
  • Être présent pour ses équipes sans les étouffer
  • Donner de bons conseils aux collaborateurs
  • Savoir gérer son stress dans toutes les situations
  • Atteindre ses propres objectifs de travail

Et tout ça sans se plaindre, et sans faire de burn out :) Des amateurs ? Forcément non…

Pour souffler un peu sur les braises, il faut savoir que ces managers supers héros ne sont pas choisis d’après ces critères hors normes. Ttttt non, non… Les futurs managers sont choisis de préférence dans la précipitation et parmi les sur-performers de l’entreprise. Il n’ont donc pas le moindre skill du management requis au moment de leur parachutage. Pire, on leur demande d’être opérationnel dans la seconde. Sans accompagnement, car la croissance est comme un train lancé à pleine vitesse dont on ne peut tout de même pas interrompre la course pour une formation des managers. 

Dans ces conditions, le tout nouveau manager se retrouve à gérer une équipe du jour au lendemain, sans outils, ni méthodes. Bref à improviser sur des situations parfois critiques, avec des bouts de ficelle. Au feeling ou au bon sens. Alors que manager, ce n’est pas une promotion, mais une compétence à acquérir

Du coup, ceux qui restent en poste ? Des idéalistes, des têtes brûlées. Ou des toxiques… CQFD.

Quels sont les différents types de manager toxique ?

Voilà comment le manager toxique est devenu presque monnaie courante dans les entreprises. On en croise à tous les coins de bureau et vous en connaissez même peut-être dans votre entourage. Et pour pousser le bouchon plus loin : le manager toxique, c’est peut-être vous ? Car oui, il est tout à fait possible de faire preuve d’un management toxique à l’insu de son plein gré... 

Pour le découvrir, scrollez et dites nous si vous vous reconnaissez parmi ces 5 types de managers toxiques (une classification proposée par Chantal Vander Vorst et Patrick Collignon dans leur ouvrage Le management toxique paru aux éditions Eyrolles). En toute transparence avec vous-même bien sûr… :)

1. Le manager tyrannique

Caporal-chef est heureux d’user et d’abuser de son petit pouvoir. Le manager tyrannique aime se mettre en avant, s’octroyer les idées et les louanges de son équipe, tout en se défaussant de toute responsabilité en cas de faute ou de crise. 

Son kiffe, diviser pour mieux régner. Une domination par la manipulation et la terreur, à grand renfort de critiques, d’humiliations, de harcèlement et effet de culpabilisation… Bref, le management comme on l’aime ;) toxique, despotique et tyrannique.

2. Le manager chaotique

Le manager chaotique a souvent été parachuté à ce poste parce qu’il excelle dans son travail. Le problème, c’est qu’on peut être performant dans ses missions de travail, mais extrêmement mauvais avec les relations humaines et le management d’une équipe. 

Attentes démesurées, objectifs irréalisables, organisation ? Ba aucune en fait. Absence de communication… Bref, c’est le flou, la cata, le chaos. Personne ne sait bien ce qu’il doit faire, quelle est sa place, sa mission, ses responsabilités et tout le monde patauge dans la semoule avec un profond sentiment d’injustice.

3. Le manager « hyper »

Un nom plutôt mignon pour un manager véritablement hyper toxique. C’est un manager qui instaure un climat instable, généralement en voulant bien faire.

Pour faire simple, ce manager hyperactif est au choix (ou tout à la fois) : hyper exigeant, hyper pressé, hyper enthousiaste, hyper investi, hyper envahissant, hyper dans le contrôle, hyper susceptible, hyper stressé… Et conséquemment, hyper toxique et épuisant pour son équipe.

4. Le manager 4X4

Lui, c’est le manager toxique brillant, puissant, visionnaire, fonceur… Plus leader que manager, il est doté d’une forte personnalité et d’un charisme qui le rend sûr de lui. Problème ? Il n’a pas le temps ni l’envie de vous attendre. 

Véritable bourreau de travail, le manager 4X4 (SUV), très efficace et doué, ne comprend pas que tout le monde n’aille pas à la même vitesse que lui ou que quelqu’un puisse penser ou fonctionner différemment. Si un salarié n’arrive pas à suivre, c’est parce qu’il est trop lent, trop faible, trop mauvais. Son management ressemble au fameux 4X4, soit polluant et toxique.

5. Le manager antipathique

Dernier type de manager toxique par excellence : le manager antipathique. Un classique, un indémodable dans le monde du travail. 

Désagréable, ne décochant jamais l’ombre d’un sourire, il s’agace en revanche pour un oui ou un non. Le problème, c’est qu’il est toujours sur votre dos et qu’il perd vite patience. Vous êtes donc toujours dans la faute, à subir le jugement constant et pas franchement fair-play de votre manager. Celui-ci qui aime insister sur le fait que vous êtes inapte et qui vous fait sentir que vous n’êtes pas non plus vraiment apprécié. Un plaisir et une impression agréable de sécurité au quotidien pour un salarié.

Que faire si mon manager est toxique ?

C’est bien beau de se rendre compte que son manager est toxique (ou que vous l’êtes vous-même), mais comment mettre fin à cette situation? 

Il faut savoir qu’il y a deux grandes familles de managers toxiques : les managers toxiques qui en sont conscients et ceux qui s’ignorent. La mission principale d’un manager, c’est d’atteindre les objectifs fixés par l’entreprise. Mais dans une situation de crise ou de stress intense, il peut se retrouver à utiliser des méthodes inadaptées et dégradantes, ou à verser dans le harcèlement primaire. Un comportement qui lui fait enchaîner faute sur faute en ce qui concerne son management.

Pour y remédier et vous sentir plus en sécurité au travail, il est important d’agir afin d’éviter que la situation n’empire. Si cela est possible, commencez par en parler directement à l'intéressé. Cela lui permettra, si c’est un manager toxique qui s’ignore, de prendre conscience de son comportement toxique et de son harcèlement, et peut-être de réussir lui-même une transition vers de meilleures méthodes de management.

Si la situation est plus délicate, ou que votre supérieur hiérarchique ne vous entend pas, parlez-en à quelqu’un de confiance. Un collègue, un conseiller professionnel ou un responsable RH. Cela permet d’obtenir un soutien et de trouver des moyens de gérer la situation à plusieurs. Rassurez-vous, la grande majorité des entreprises se soucient désormais du bien-être des salariés. Ne serait-ce que pour conserver ou acquérir une bonne marque employeur. 

Prendre le lead. Si vous vous êtes reconnu dans l’une de nos descriptions de manager toxique, le mieux, c’est encore (proactivement) de demander à votre entreprise une formation au management pour acquérir les compétences et les qualités nécessaires. Il peut s’agir d’une formation générale sur le management ou bien de méthodes managériales spécifiques comme la communication non-violente ou le coaching qui permettent d’effectuer une transition et même d’apprécier à nouveau votre rôle de manager.

Les méthodes “douces” n’ont pas abouti ? Il va falloir passer à l’étape supérieure, faire appel à la médecine du travail ou même aller jusqu’aux prud’hommes. 

Risques et conséquences d’un management toxique

Est-ce qu’on n'en fait pas un peu trop sur le management toxique ? Non ! D’ailleurs, ce n’est pas nous qui le disons, mais l’Institut de Médecine Environnementale (IME) qui a mené en 2011 une étude sur le stress au travail. Elle a été conduite sur 7 025 employés venus de France, de Belgique, de Suisse et de la partie francophone du Canada. Parmi eux, 74 % des salariés interrogés se sont dits satisfaits de leur travail. Mais les 1/3 restant ont indiqué souffrir : 

  • De perturbation de leur sommeil (33 %)
  • D’épuisement psychologique (29 %)
  • De stress (27 %)
  • D’une dégradation de leur santé à cause du travail (25 %)

Et selon eux, voici les facteurs qui viennent accroître ce mal-être : 

  • L’hyper-investissement émotionnel au travail (41 %) 
  • La démotivation face au manque de reconnaissance et de résultat (25 %)
  • La mauvaise organisation (25 %) 
  • Une communication managériale inadaptée et un manque d’esprit d’équipe (22 %)

Enfin un cadre sur deux quitte l’entreprise à cause de son manager. C’est dire le manque à gagner pour la productivité et le coût effarant en termes de turn over et de recrutement que représente un seul manager toxique. Imaginons maintenant la prolifération de plusieurs managers toxiques ? On sait que lorsqu’un climat social est tendu dans une entreprise, celle-ci doit surpayer les collaborateurs pour espérer les attirer et les fidéliser malgré les tensions. Et cela n’empêche pas un cercle vicieux de se mettre en place : l’équipe n’atteint plus ses objectifs, la pression se renforce sur le manager toxique qui répond en aggravant ses actions néfastes. C’est un peu le serpent qui se mord la queue, pour schématiser.

Pour enfoncer le clou : les situations récurrentes de mal-être au travail, le stress, l’anxiété et tout ce qui a une influence directe sur le moral des employés, font monter en flèche l’absentéisme et le nombre d’arrêts maladies. Pis, un management toxique peut avoir une incidence directe sur les risques de burn-outs et de bore-outs (perte de motivation et d’entrain).

Voilà, voilà. Ou quand la santé (mentale et physique) des salariés est le moteur de la bonne performance de l’entreprise. Et vice versa…

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