Comment définir son type de startup ?

Introduction

Vous avez la certitude de vouloir travailler dans une startup, et c'est déjà une bonne chose. Mais reste à définir le type de startups de que vous recherchez. Car derrière cet anglicisme "tout usage" se cache en réalité une grande diversité de projets, d'ambiances, de contextes, qu'il est important de comprendre afin de bien définir la future étape de sa carrière !

Diversité de startups = diversité d'envies

"Startup". Voilà un bel anglicisme qui s'est confortablement installé dans le vocabulaire français courant. Un mot simple dont le succès tient à sa capacité à caractériser une génération entière de nouvelles entreprises, mais aussi à véhiculer des idéaux de liberté, d'innovation, de succès et d'épanouissement. Un mot devenu symbole d'un nouvel écosystème, mais qui   échoue pourtant aujourd'hui à en retranscrire la diversité et les nuances. Car oui, travailler dans une startup, ça peut vouloir dire beaucoup de choses différentes, et renvoyer à des quotidiens fondamentalement différents.

Les critères de distinction sont multiples (taille, croissance, secteur, valeurs, vision, équipe, ...), et il est important de les prendre en compte avant même de réfléchir à vos propres ambitions. 

D'une startup à l'autre, un poste donné pourra en effet renvoyer à une réalité complètement différente.

L'objectif de cet épisode : Vous familiariser avec les différents paramètres qui influencent  l'atmosphère, la dynamique et le quotidien d'une startup, et ainsi vous aider à mieux identifier les startups qui vous correspondent.

Les différentes tailles de startup

Les startups, c'est un peu comme les voitures : on en trouve une multitude de modèles, avec des tailles, des gabarits et des profils complètement différents. Et de la même manière que les goûts en matière automobile sont variés, les préférences de startups peuvent changer d'un individu à l'autre : certains préféreront l'agilité d'une Smart, d'autres le confort du Monospace familial. L'idée est ici de vous présenter trois états de développement qui vous permettront de comprendre plus facilement le contexte et les enjeux que traverse une startup.

Early stage : le goût de l'exploration

Taille : 1 - 15 personnes

Contexte : C'est le début d'une aventure, et tout est à faire ! Les moyens financiers sont moindres, les risques sont élevés, mais les opportunités sont nombreuses. À ce stade, l’entreprise a très peu, voire pas de process du tout, et toute son organisation se construit à travers une vraie démarche “test & learn”.

Équipe : À ce stade, l'équipe est un noyau dur de quelques personnes. Si des rôles peuvent être déjà définis, c'est la polyvalence et non pas la spécialisation qui prédomine : vous êtes un seul et même groupe. C'est à ce stade que la culture est la plus forte et la plus perceptible, en raison de la concentration de l'équipe et de la proximité immédiate avec les fondateurs.

Types de postes : Des postes multi-tâches, qui permettent de suivre un projet sous plusieurs angles. À ce stade, le contact avec le terrain est fort et l'impact de vos actions est immédiat. Ce sont en général des opportunités très prisées et très formatrices pour les aspirants entrepreneurs, puisqu’elles demandent aux salariés de participer from scratch à la construction d’une crédibilité business pour la start-up.

Salaires : Les ressources financières sont limitées, et les salaires sont donc en général plus bas que la moyenne. Il est cependant possible à ce stade de recevoir des compensations sous forme de parts, et il est théoriquement possible d’accéder plus rapidement à un poste de “C-level”. C'est un investissement à moyen- / long-terme sur votre carrière !

Middle stage : un besoin de structuration

Taille : 15 - 50 personnes

Contexte : Les premières levées de fonds ont été effectuées, et désormais l’enjeu de la startup est de grandir rapidement, tout en consolidant sa structure. La croissance et la rentabilité sont au coeur des problématiques, et les actions des équipes sont menées dans le but de gagner en efficience et d'accroître significativement le chiffre d'affaires.

Équipe : Il s’agit le plus souvent du moment où se construisent les premiers départements de l’entreprise et où les expertises métier commencent à se distinguer. Plusieurs pôles tendent ainsi à se démarquer, mais les projets transversaux et les interactions inter-équipes restent encore nombreux.

Types de postes : Les postes sont plus spécialisés et circonscrits, mais laissent encore une certaine latitude pour les initiatives individuelles, que les températeurs entrepreneurs apprécieront. Ils sont bien souvent une opportunité idéale pour grandir sur une expertise, et offrent parfois la possibilité de manager sur le moyen-terme.

Salaires : Assez logiquement, les rémunérations sont plus élevées qu'en "early stage", mais elle passent difficilement le cap des 60K€ pour les postes managériaux. Cependant, la phase de middle stage a pour objectif de se structurer et de se stabiliser, dans le but d'attirer davantage d'investisseurs et de fonds : en cas de réussite, un accroissement des salaires est donc tout à fait possible.

Scale-up : entre optimisation et internationalisation

Taille : plus de 50 personnes

Contexte : Et la startup devint scale-up. L'ambition de l'entreprise devient globale, et les dernières levées de fonds, généralement assez conséquentes, sont destinées à l'internationalisation de l'activité, l'optimisation des process et la scalabilité du business-model. Les moyens sont donc plus nombreux, la structure plus forte, la hiérarchie plus perceptible. Dans les finances comme dans les équipes, on tend à une zone de confort comparable à celle d'une entreprise classique. Cela dit, les challenges sont encore nombreux, et l'entreprise est encore empreinte d'un réel dynamisme. Ce genre d'environnement est parfait pour ceux qui désirent réaliser une transition en douceur de grands groupes à startups, ou pour les startuppers qui veulent installer des process dans des périmètres très définis.

Équipe : L'hypercroissance a démultiplié les postes et ajouté de la verticalité dans les équipes, avec plus d'échelons et de hiérarchie. En conséquence, les employés ont tendance à se sentir moins "maîtres" de leurs décisions, et il devient parfois difficile de conserver une culture forte telle qu’elle l'était les années précédentes. C'est à ce moment que les problématiques de diffusion de la culture d'entreprise et de rétention des talents se révèlent notamment prioritaires. En revanche, on côtoit au quotidien des gens extrêmement qualifiés dans leur domaine, au contact desquels il est possible d'apprendre énormément, et autour desquels peut se bâtir un vrai phénomène d’émulation collective.

Types de postes : Les départements disposent de plus de moyens, et ce, dans tous les domaines : la tendance est en effet à l’investissement pour assurer ses arrières en R&D, améliorer le produit existant, voire en lancer de nouveaux. Dans ce contexte, les postes tendent plus vers du mono-tâche et la spécialisation. Le quotidien est bien plus éloigné du terrain, et l’impact de ses actions est moins immédiat. La tendance étant à l'affinage et l'optimisation, l'entreprise se veut moins agile, et plus dans la maîtrise et le contrôle.

Salaires : Les rémunérations des postes "junior" restent sensible au même niveau que pour les startups "middle stage". Celles des positions managériales ont tendance à être plus élevées, et dépendent généralement de la rentabilité et des levées de l’entreprise.

Levée de fonds : un paramètre déterminant ?

Saint-Graal des entrepreneurs, la levée de fonds est souvent synonyme de succès. Au-delà de la plus-value business, elle joue également un rôle conséquent dans le rayonnement et la perception d'une startup dans son écosystème. Pour beaucoup, une startup qui a levé des fonds est ainsi une startup digne de confiance, une startup qui renvoie à des idéaux d'abondance et prospérité, et donc une startup qui attire. Et pourtant, bien qu'une levée de fonds soit sans conteste une victoire, elle n'est en aucun cas une garantie d'épanouissement pour ses employés : c'est un nouveau départ, avec des nouvelles règles, de nouveaux avantages mais aussi de nouvelles contraintes.

Une levée de fonds, ça implique quoi ?

Si l'on reprend notre métaphore automobile, alors la levée de fonds représente le moteur qui se cache sous le capot de votre bolide : il s'agit de votre puissance de traction, et donc d'un indicateur de la vitesse d'évolution que vous expérimenterez au quotidien. Plus la levée est forte, plus les changements seront susceptibles d'être brusques et d'ampleur.

Les avantages d'une startup post levée de fonds

Plus de moyens : Lever permet évidemment d’investir plus massivement et plus rapidement. Au quotidien, on peut donc se permettre de tester plus de campagnes, de canaux, de recrutements, ... en bref, d'oser et de voir plus grand. Dans les faits, on tergiversera moins pour savoir si l'on peut s’offrir un nouvel outil de mailing ou un CRM de meilleure qualité. La priorité n'est pas d'économiser, mais d'avancer le plus vite possible pour se détacher de la concurrence et prendre une place de leader sur son marché.

Plus d’évolution : Une levée de fonds implique nécessairement une augmentation des effectifs, donc des recrutements et des mouvements nombreux. Il s'agit donc d'une période où les équipes sont en construction et où les lignes sont encore à définir : il est donc possible d’évoluer individuellement en peu de temps.

Croissance & vitesse : Les levées sont les points de pivot de la croissance d’une start-up. En conséquence, tout s'accélère dans les quelques mois qui suivent, ce qui donne le sentiment d’avancer. Durant cette période, le cashburn est très fort et bien supérieur aux rentrées d'argent, mais ce déséquilibre est normal : la priorité est à la vitesse et à la croissance ; les problématiques de rentabilité et de pérennité de l’entreprise se poseront bien plus tard.

Les contraintes d'une startup post levée de fonds

Moins de liberté : Une levée de fonds, ce n'est pas qu'un don d'argent de business angels, c'est aussi le partage de la responsabilité et du contrôle entre les fondateurs et les investisseurs. Et dans les faits, cela signifie que la startup doit rendre des comptes à ses nouveaux partenaires, et qu’elle doit donc leur justifier et communiquer régulièrement le ROI de leurs actions. Une contrainte tout de même assez lourde, et d'autant plus complexe qu'elle s'adresse à des personnes qui ne partagent pas le quotidien et le terrain des équipes.

L'agilité en péril : La levée de fonds marque en général le premier recul de l'agilité au sein de la startup : les décisions les plus stratégiques nécessitent un accord entre tous les membres du board, et requièrent donc plus de temps, de pédagogie et de diplomatie.

Pression et course contre le temps : Lorsqu'une startup reçoit de l'argent d'un investisseur, c'est en réalité du temps qui lui est offert. Une startup qui a levé, c'est quelque part un business model auquel on a accordé un sursis et une mise à l'épreuve, et dont les investisseurs veulent récolter les fruits au plus vite. La pression est donc dédoublée après une levée de fonds, puisque la startup doit dépenser à la fois vite et bien les moyens qui lui ont été accordés.

Est-ce un argument pour choisir sa startup ?

Chez Ignition Program, on a effectivement constaté que beaucoup de candidats considèrent la levée de fonds comme un argument décisif pour choisir sa startup. Mais de notre côté, nous ne sommes vraiment pas convaincus que ce critère doive être déterminant.

Rendons à César ce qui est à César : les levées de fonds sont de bons indicateurs pour comprendre l'évolution et la dynamique d'une startup. Mais limiter sa sélection à ce seul critère serait une profonde erreur, selon nous. En effet, une start-up qui a levé des fonds n’est pas forcément mieux qu’une autre, elle présentera juste des enjeux différents : il faut déconstruire ce raccourci qui consiste à penser que croissance, rentabilité et levée sont indissociables ! Pour reprendre le simple exemple de notre startup : Ignition Program n'a jamais levé de fonds et est parvenue à maintenir jusqu'ici une croissance forte et pérène (+180% de CA entre 2017 et 2018), avec une rentabilité annuelle de plus en plus significiative (ce qui prend généralement beaucoup plus de temps pour une start-up post-levée).

C'est pourquoi nous pensons que d’autres éléments, sans corrélation directe avec la levée de fonds, doivent entrer en considération dans votre choix : les valeurs, l’équipe, le style de management …

Les autres critères : Dirigeant, culture et valeurs

Souvent sous-estimé, et pourtant ô combien déterminant, le facteur humain est extrêmement important dans le choix de votre future entreprise.

Au-delà de toute considération business, une entreprise reste un collectif d'êtres humains qui cohabitent, s'organisent et coopèrent.

Il est donc également important de cultiver ce désir de travailler ensemble et, pour se faire, de rassembler des personnes qui partagent des valeurs, des passions, des ambitions, des envies. Qu'importe le modèle et la motorisation de votre voiture, il est essentiel qu'elle soit aux commandes d'un conducteur en lequel vous avez confiance, et fréquentée par des co-passagers avec lesquels vous vous entendiez bien.

Le dirigeant, relais d'une passion et d'une vision

Une startup démarre toujours par une poignée d'entrepreneurs et d'entrepreneuses passionnés. Éternels convaincus de la valeur de leur projet, ils sont les leaders et les conquérants qui se battront contre vents et marées pour mener à bien leur projet. Ils jouent un rôle essentiel dans la cohésion de l'équipe et du projet, notamment face au grand 8 émotionnel qu'est la vie de startups. Il est donc essentiel qu'à la tête de votre prochain navire se trouve un.e capitaine aux épaules solides, inspiré.e et inspirant.e, qui permette à son équipe de garder le cap en toutes circonstances.

Un dirigeant influence énormément l'esprit et la vision d'une startup, observation somme toute logique puisqu'il en est le fondateur et l'inspirateur. Ainsi, on ne saurait que trop recommander d'aller à la rencontre des entrepreneurs pour se faire une réelle idée d'une startup. Dans l’univers startup, il est en effet souvent difficile de se projeter sur des jeunes projets car, à la différence des grands groupes, ces nouvelles entreprises n’ont pas eu à leur disposition des millions d’euros de budget pour peaufiner leur image de marque !

On conseille donc en général de ne pas se fermer à des secteurs spécifiques et surtout de ne pas s'arrêter au simple design d'un site internet ou d'un logo : il faut avant tout comprendre la vision et le projet dans sa globalité pour se faire une idée, d'où le besoin d'échanger en priorité avec les fondateurs. Et au-delà de l'adhésion au projet, il s'agit également de vérifier une adhésion humaine, le fameux "fit". Les dirigeants étant à la racine de la culture et de l'ambiance de leur startup, ils sont en général le "patient 0" de leur startup, et donc un bon moyen de saisir l'esprit qui domine dans la boîte.

Les valeurs, reflet d'un esprit et d'une culture

On entend par valeurs l’ensemble des qualités que l’on porte en haute estime, qui nous sont chères et qui nous servent de lignes directrices au quotidien dans notre activité professionnelle comme dans notre vie personnelle. Des principes tels que la bienveillance, l'ouverture d'esprit, l'envie de faire grandir les autres et la liberté sont des exemples de valeurs fondatrices que l'on retrouve chez Ignition Program.

Chaque individu est ainsi doté d'un socle de valeurs qui lui sont propres et auxquelles il se réfère de manière inconsciente. Inconsciente, car notre attachement à ces valeurs reste en général assez discret. Notre expérience en coaching de candidats nous a en effet montré que ces valeurs ne tendent à s'exprimer que lorsqu'elles entrent en confrontation avec d'autres valeurs incompatibles. Par exemple, l'exigence et la bienveillance pourraient dans certains contexte conduire à un conflit.

Pour mieux définir vos propres valeurs, il peut ainsi être pertinent de réfléchir par la négative (quelles seraient les choses sur lesquelles je n'aimerais pas faire de compromis ?)

Ou encore de revenir sur les frustrations de vos expériences passées (qu'est-ce qui m'a insupporté dans mes postes précédents ?).

Pourquoi prendre le temps de comprendre ses valeurs ? Pour deux raisons : premièrement, parce que l'on constate qu’un mauvais fit sur les valeurs peut parfois être un vrai obstacle dans l'épanouissement au travail. Deuxièmement, parce que c'est l'opportunité de se connaître mieux soi-même, de définir plus précisément ses attentes, et donc d'être plus affirmé et convainquant en entretien.

Attention, toutefois, les valeurs n’ont – le plus souvent – pas grand chose à voir avec le secteur ! Les valeurs permettent de piloter son quotidien et aident à prioriser et mener à bien ses actions. Une start-up peut être dans l’ESS (Économie Sociale & Solidaire) et avoir pour valeurs "Ambition" et "Croissance first". Pour bien cerner les valeurs d'une startup, rien ne vaut encore une fois le contact direct avec les équipes et les membres fondateurs, qui auront un discours beaucoup plus révélateur et authentique que celui d'un site internet ou d'une vidéo promotionnelle. Il peut être également intéressant de rencontrer un collaborateur qui soit en dehors de votre process de recrutement et qui vous partagera ainsi les informations les plus objectives possibles. N'hésitez pas non plus à consulter des sites tels que Glassdoor, qui se sont spécialisés dans le recueil d'avis sur les entreprises et permettent de valider les valeurs qui vous ont été présentées.

Définir son type de startup : conclusion

En route, Capitaine ! Grâce à ces différents conseils, vous disposez désormais de toutes les clés de compréhension pour choisir la destination qui collera le plus à vos valeurs et à vos envies.

En étant ainsi plus au clair sur le type d'environnement que vous recherchez, vos candidatures seront mieux réfléchies, plus ciblées et donc plus pertinentes.

Ces premiers filtres personnels sont à la base de votre futur épanouissement : vous savez ce que vous voulez, ce que vous ne voulez pas, ce qui vous importe peu. Votre recherche n'est plus aveugle, elle commence à être conscientisée et alignée avec ce que vous êtes.

Pour aller plus loin : faire son bilan de compétences

Votre travail de recherche ne s'arrête cependant pas au fait de trouver une startup dans laquelle vous vous sentirez bien. Vous avez ici anticipé vos problématiques d'épanouissement, mais il vous reste désormais à résoudre celles concernant votre accomplissement : quel parcours portez-vous ? Quelle direction voulez-vous lui donner ? Des questions fondamentales qui définiront la tonalité du prochain chapitre de votre histoire professionnelle, et qui requièrent donc d'y consacrer du temps : l'heure est désormais à la prise de recul, au bilan de compétences et à la définition de vos ambitions.

Photo de Florencia Viadana

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