Les symptômes et signes avant-coureurs du burn out
Le burn out touche tout le monde. J’ai plus de 40 ans et je dois dire que j’ai plutôt de la chance. Je n’ai encore jamais fait de burn out. Je suis sans doute une miraculée. Parce qu’autour de moi, de nombreux amis et connaissances ont déjà plongé.
Pas des gens qui trainent depuis des années un vieux fond dépressif. Non. Des personnes consciencieuses, des salariés modèles, des employés qui aiment sincèrement leur travail. Alors, pourquoi eux ? Parce que par orgueil un peu, et par culpabilité de premier de la classe beaucoup – ils ont, par réflexe, sur chargé une barque qui prenait déjà l’eau. En se disant qu’ils allaient écoper d’une main, et ramer de l’autre vers la rive. Sauf qu’ils ont tourné en rond avant de couler.
Pourquoi il est grand temps de s'informer ? Parce que le burn out, c’est un peu comme le cancer. Si vous n’êtes pas personnellement touché, vous connaîtrez au moins 4 personnes collègues, amis, managers, qui vont faire un burn-out à des degrés divers, jusqu’au suicide.
Le burn out : pas juste un "ras-la-frange"
Difficile à quantifier, compliqué à qualifié, le début d'un burn out ressemble à s'y méprendre à de nombreux autres ressentis qui viennent faire écran. C'est une angoisse diffuse, un manque d’énergie, de la démotivation, mais aussi une colère, un pessimisme. Ou encore une baisse d’activité, la perte de responsabilité, la sensation d’être à bout de forces, d’avoir les pieds coulés dans le béton ou d’être au contraire surqualifié pour le poste, une irrésistible perte d’intérêt pour le travail…
Tous ces symptômes, que l’on pense passagers, mais que l'on ressent a continuo, montrent au contraire qu’on a déjà un pied dans le burn out.
Et c’est là le danger. Car les fluctuations émotionnelles dans le travail sont un grand classique. Aux phases d’excitation intenses succèdent souvent des tâches plus rébarbatives ou routinières. Il faut donc parvenir à distinguer quand le doute s’installe durablement, et qu’il entraine dans son sillage des appréhensions récurrentes, une absence d’estime de soi, de confiance et de reconnaissance, un sentiment régulier d’incompétence, de dévalorisation, une perte de sens. C’est là qu’il y a urgence !
1 – Comment détecter l’engrenage infernal du burn out ?
L’effondrement d’au moins 2 de ces 3 piliers peut faire basculer en burn out :
- la charge de travail
- le soutien / l'entourage des collègues
- le soutien dans la vie privée
Quand au moins 2 de ces piliers flanchent, c’est que le burn out ne va pas tarder à pointer son nez. La bonne nouvelle, c’est qu’une fois que ces piliers sont identifiés, on peut agir.
La culpabilité d’être incompétent
Souvent, les personnes en pré burn out donnent l'impression de ne pas réagir, malgré des signes évidents de fatigue et de ras le bol. Parce qu'ils se sentent quasiment toujours coupables de cette situation.
Persuadés que leur baisse de régime vient du fait qu’ils ne sont pas à la hauteur. Résultat, en restant dans le statu quo d’un poste dans lequel ils courent éternellement après le train en marche, ils se mettent à dos progressivement leur manager, de plus en plus critique. Et pour compenser, ils travaillent deux fois plus. C'est l'engrenage...
La surcharge de travail sans aucune priorisation
Effet sables mouvants garanti : les "candidats au burn out", crevés, en décalage avec leurs famille et amis, stressés et en manque de confiance, deviennent inaptes à prioriser. Car prioriser demande de pouvoir prendre du recul, d’avoir une analyse macro, ce qui est impossible quand on est down. Forcément, leur productivité chute.
Ils travaillent alors deux fois plus pour deux fois moins de résultat, avec un manager en colère sur le dos.
Déjà englués, ils ne parlent plus que d’accélérer encore la cadence pour régler le problème… En fait, plus ils se débattent et plus ils s’enfoncent.
Quand le burn-out devient un vrai risque morbide
A ce stade, minimiser le problème revient à se tirer une balle dans le pied. Il est démontré qu’une personne met en moyenne 2 fois plus de temps à sortir d’un burn out qu'à y tomber.
Donc plus « on tient bon », plus on joue contre son camp ! Celui qui s’accroche 6 mois dans ce cercle vicieux, signe en réalité pour un an de dépression et d'incapacité de travail. Car au moment du break down, au delà de l'effondrement physique, il devra faire face à une profonde crise de valeurs, à une perte globale du sens des actions et de la vie. Une remise en question totale de qui il est. Avec des pensées suicidaires pour certains. Des passages à l'acte pour d'autres...
Si on laisse l’engrenage s’installer, les conséquences psychologiques, personnelles et professionnelles peuvent être dévastatrices.
2 – Burn out : La faute à qui ?
Comment est-ce arrivé ?
C’est évidemment la question cruciale.
Il est important de prendre en compte que - sauf cas de sadisme forcené - les souffrances endurées par les salariés au travail sont souvent non intentionnelles et peuvent toucher tout le monde. Il suffit d’une amélioration technologique, d’une réorganisation, ou encore d’une baisse ou d’un pic brutal d'activité dans l'entreprise, pour que certains postes de travail soient vidés de leur contenu ou surexposés au stress.
Dès lors pour le salarié, c’est la lente et solitaire descente aux enfers… Solitaire ? Oui. Car le manager ne connait pas forcément la charge de travail que représente ce qu'il demande si on ne le lui dit pas.
Il l’estime, mais il n’est pas personnellement aux manettes. Et même dans le cas où il aurait déjà tenu lui-même le poste de son managé, il est victime du syndrome « piéton vs voiture » : selon que l’on marche dans la rue ou que l’on conduise, on se place toujours de son propre point de vue, même si on est pourtant amené souvent à faire les deux. Enfin, dernière possibilité, le poste que le manager a expérimenté dans le passé peut avoir évolué entre temps.
Mais alors, du coup, c’est de ma faute ?(angoisse…)
Parfois oui...
La réponse n'est pas agréable... Mais oui, parfois.
La plupart de salariés en pré burn out, enfoncés dans leur culpabilité, omettent sciemment de demander de l’aide à leur manager, persuadés de pouvoir redresser rapidement la barre par eux-mêmes. Persuadés que demander un coup de pouce va alerter la hiérarchie sur leur potentielle « incompétence »…
... Mais pas toujours
Et dans d’autres cas, non. Le managé, mal entouré, sans allié fiable, ni à la maison, ni au bureau, peut manquer de points d’appui pour sortir de l’ornière. On connait tous des amis ou de la famille, toxiques mais avec les meilleures intentions du monde, qui nous voyant au bord du gouffre, nous enjoignent de nous accrocher coûte que coûte, en brandissant le spectre de « l’échec », ou des traites du crédit immobilier à payer, de l'école des enfants...
Enfin, il y a aussi les managers à qui on demande de l’aide et qui ne font pas vraiment preuve de compréhension. Or, un manager qui n’aide pas son managé à mieux prioriser sa charge, ne remplit pas son rôle. Il l’abandonne au bord de la route.
3 – Manager / Managé : quelques outils pour faire face à un burn out
Comment faire la part de votre responsabilité ?
Avec un managé qui se sent fautif et coupable d’un côté, et un manager qui n’a pas su anticiper la noyade de l’autre, il faut absolument évacuer – sans l’éluder - cette question qui nuit gravement à une vraie sortie de crise. C’est la seule façon de retrouver rapidement un dialogue fructueux manager/managé !
Côté Manager
Manager : « ai-je pris l’initiative d’ouvrir la porte au dialogue quand je sentais que ça pataugeait en face ? Suis-je vraiment à l’écoute de mon managé, c’est-à-dire est-ce que je suis scrupuleusement les règles suivantes : ne pas émettre de jugement lors de sa prise de parole, respecter la confidentialité des échanges, favoriser l’authenticité, ne jamais couper la parole et ni ramener la conversation à moi. Ai-je aidé efficacement mon managé à prioriser ses tâches ? » C’est un préalable à une analyse objective des causes fondamentales du mal être de votre managé.
Côté Managé
Managé : « ai-je été suffisamment serein pour prioriser mes tâches correctement ? » Faire une "gare de triage" de ses tâches demande beaucoup d'énergie, c’est de la responsabilité conjointe du managé avec son manager de maintenir cette énergie. « Ai-je alerté quand la charge de travail m’a paru insoutenable ? Est-ce que j’adhère vraiment aux enjeux du projet ? » Parfois on peut travailler 50h par semaine sur un projet perso qui nous tient à coeur, sans mollir ni paniquer parce qu'on adhère à l'enjeu, et aussi parce que nos proches nous soutiennent. A contrario, si votre manager vous a aidé, et que vous n’y arrivez pas, c'est peut être que ce poste n'est pas le bon pour vous. Là encore, il est urgent d’ouvrir un dialogue à ce sujet avec votre manager. Pour ne pas vous épuiser dans le vide.
Pour prévenir le burn out : optez pour le Co-coaching !
Un relais d'énergie dans votre entourage professionnel
Dans la bienveillance et l’affection, c’est bien connu, on joue plus collectif, on trouve aussi de l’aide dans les moments noirs, parce qu’on existe dans les yeux d'équipiers qui comptent sur vous.
Pour cela, il faut bien évidemment créer de l’intimité à deux. Chez Ignition, on a des binômes de co-coaching qui tournent tous les 4 mois.
Ils ont pour mission de se voir pour s’entraider, sans aucun apport d’expertise, juste du soutien mutuel. Ça allège la charge du manager, mais surtout, ça renforce l’écoute, l’entraide, l’affect. En période de crise, c’est un soutien dans la tourmente. Par temps clair, c’est un relais de dépassement de soi !
L'après burn out et la lumière au bout du tunnel
Claire Schults, co-fondatrice de Moodz, a partagé avec nous son expérience personnelle du burn out. L'histoire d'une chute vertigineuse, mais aussi, de sa guérison. C'est l'histoire de la reconstruction du sens après un burn out.